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C'est un accident grave que le mien, une collision de la vie heureuse avec une promesse de mort.
Mon père est mort à 52 ans et 4 mois. J'avais 10 ans. Je n'en suis jamais revenu. Longtemps plus tard, quelque chose en moi a décidé que je n'allais pas vivre plus vieux que lui. Du moment où cette conviction s'est imposée, plus rien n'était pareil et mes écritures quotidiennes s'en sont trouvées envahies. La mort qui rôde est entrée dans la ville, elle était dans mon quartier, je l'entendais monter les marches. Comment réagir? Quelle parade, quel accueil, quels derniers gestes? Et le lendemain de la mort annoncée, quand on est encore là, quand commence le sursis, qu'est-ce qui se passe? Mon père était fils posthume, née en 1900 d'un père mort d'une étrange façon en 1899.
