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L'idée est aujourd'hui répandue que nous pouvons agir sur notre humeur et nos états d'âme par un travail sur le corps. Cette idée a une histoire que l'auteur propose d'explorer, depuis les textes de Diderot, avec la notion nouvelle de sentiment de l'existence, jusqu'à la conscience corporelle obtenue par les exercices de relaxation ou la révolution de la perception de soi par le journal intime.
Yoga, méditation et autres techniques de bien-être : l'idée est aujourd'hui largement répandue que nous pouvons agir sur notre humeur et nos états d'âme par un travail sur le corps. Or cette idée a une histoire que Georges Vigarello révèle ici, proposant un parcours fascinant à travers l'histoire des représentations de l'intime. Jusqu'au XVIIIe siècle, le moi était circonscrit à la pensée et à l'esprit : «je pense, donc je suis». C'est avec les Lumières qu'apparaît, dans les textes de Diderot ou de l'Encyclopédie, l'idée d'un sixième sens pour désigner les perceptions internes du corps. Cette conscience inédite s'exprime dans la notion nouvelle de sentiment de l'existence. Le corps coïncide avec le moi : véritable révolution de la perception de soi, qui s'exprimera bientôt abondamment dans les journaux intimes. Le XIXe siècle approfondit ces réflexions en s'interrogeant sur le rêve, la folie, l'effet des drogues, le somnambulisme. Le début du XXe siècle introduit plus qu'on ne le croit à la culture d'aujourd'hui : de la relaxation aux exercices de prise de conscience, de la détente à l'étourdissement, la conscience corporelle devient un lieu de vertige autant que d'exploration de l'intime..