* Les prix de nos produits sont sujets à changements sans préavis.
Cet essai évoque Rachel, célèbre tragédienne juive parisienne du XIXe siècle et son influence sur l'oeuvre de M. Proust, un demi-siècle plus tard, à travers le personnage de la maîtresse de Saint-Loup. La philosophe l'étudie d'un point de vue littéraire et moral.
L'Esther tardive de la Bible, fêtée d'âge en âge dans la tradition juive, trouve son apothéose et sa trahison dans la pièce de Racine dont va s'emparer Proust pour décrire et faire parler aussi bien ses «hommes femmes» que sa mère. C'est également la fameuse prière d'Esther, empruntée à Racine, que Rachel, l'immense actrice romantique, récite insolemment aux amis de Chateaubriand et de madame Récamier qui la pressent de se faire baptiser, elle, la petite juive à moitié illettrée devenue, à 17 ans, la coqueluche du Tout-Paris. Cependant qu'une autre actrice du même nom va surgir chez Proust, lequel dépouille injustement et superbement de son génie la grande Rachel et surnomme «Rachel quand du Seigneur» la théâtreuse de la Recherche.. Doit-on faire grief à Proust d'avoir ainsi dégradé Rachel ? Certes, les oeuvres n'ont pas de compte à rendre, elles sont souveraines. Encore que «les travellings sont affaire de morale», comme le disait Godard. «L'usage proustien de Rachel m'est apparu comme une question strictement littéraire, donc comme une affaire de morale», risque à son tour Elisabeth de Fontenay..