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Le sociologue offre une réflexion sur la transplantation d'organes qui relève selon lui d'un commerce social. Il pose le problème de la commercialisation de l'être humain et des problèmes éthiques qu'elle soulève.
La transplantation d'organes . Un commerce nouveau entre les êtres humains . Considérée comme la plus grande avancée thérapeutique du dernier tiers du XXe siècle, la transplantation d'organes pose un problème inédit. Avec le « greffon », ou organe à transplanter, une nouvelle ressource sociale apparaît, ressource essentiellement produite par la mort. Du coup, la mort elle-même devient une ressource qu'il faut optimiser. La loi, les relations familiales et la technologie médicale y contribuent, mais sans parvenir à produire un volume suffisant de greffons.. À la différence du plasma ou des gamètes, l'organe est « incorporé » et « appartient » à ce titre à la personne. Sous réserve de l'accord de celle-ci ou de sa famille, il peut certes passer d'un corps à un autre, mais sans jouir pour autant d'un statut juridique clair qui lui permettrait d'entrer de plain-pied dans le commerce social. Cette grande question contemporaine est pour la première fois abordée dans toutes ses dimensions par Philippe Steiner.. La transplantation d'organes a déjà entraîné la transgression de deux frontières : celle de la vie et de la mort et celle de la peau. Elle suggère maintenant d'en franchir une troisième, celle du commerce marchand. Déjà l'Iran a légalisé la vente d'organes, et la Chine s'est faite exportatrice des greffons prélevés sur les condamnés à mort exécutés. La traversée de telles frontières politiques pose le problème de la commercialisation de l'humain et, au-delà, celui de notre humanité. En ce sens, la sociologie économique de la transplantation proposée par Philippe Steiner est une forme de l'anthropologie politique du monde contemporain..