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Au Grand Bazar des idées simples, demandez 'Max Weber' et l'on vous répondra : 'modernité' (et particulièrement protestantisme) = rationalisation du monde (oubli des Dieux, c'est-à-dire du rapport magique au monde) = 'désenchantement du monde' (soumis à la raison calculatrice) = 'cage d'acier' dans laquelle l'homme moderne se serait enfermé. C'est méconnaître qu'à partir de 1910 notamment, Weber insiste sur les conflits de rationalisations à l'œuvre dans le monde – rationalisations contradictoires entre les divers champs de l'action sociale ; et, à l'intérieur de chaque champ, tensions majeures entre la rationalisation formelle et la rationalisation matérielle. À l'origine de cet élargissement des perspectives, la rencontre foudroyante d'un milieu intellectuel sexuellement émancipé et féministe et l'observation concomitante des crises du capitalisme. Weber invite alors ses contemporains à comprendre les tensions majeures qui traversent notre monde : la financiarisation, dont les crises des années 2000 et 2010 ont révélé la folle logique, prouve à l'envi que des comportements jugés rationnels par quelques-uns sont dévastateurs pour nombre d'autres. Quant à l'érotisme et aux relations entre les sexes plus généralement, leurs multiples transformations au cours des dernières décennies viennent, dans la vie économique et malgré l'exigence consensuelle de parité, buter sur des pratiques qui, au nom d'intérêts divers, ébrèchent sans cesse la force et cohérence d'un sytème juridique pourtant fondé formellement sur le principe d'égalité. Il est bon que Michel Lallement nous aide à lire enfin Max Weber.