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Signe des temps : longtemps, dans la Bibliothèque de la Pléiade, les œuvres poétiques de Germain Nouveau furent mariées, en un volume, avec Les Chants de Maldoror de Lautréamont. Aujourd'hui, Isidore Ducasse, dit Lautréamont, possède son volume propre. C'est dire le changement de perspective qui s'est opéré concernant cet écrivain météoritique, né en 1846, mort en 1870, auteur anonyme du premier des Chants à vingt-deux ans. Analysée sur le coup comme la preuve d'une folie délirante par Bloy et de Gourmont, puis redécouverte par Breton qui recopia les Poésies à la Bibliothèque nationale et s'en ouvrit à son compagnon de chambrée, Louis Aragon, qui s'inspirera de Lautréamont dans ses premiers textes en prose, l'œuvre bénéficia de l'étude tout à fait neuve que Marcelin Pleynet lui consacra en 1967. Après celle par les surréalistes, ce fut la deuxième redécouverte de Lautréamont – une redécouverte fondamentale puisqu'elle nous restitua jusqu'à aujourd'hui l'exacte dimension d'une œuvre sans précédent ni équivalent.