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La Maritza, c'est ma rivière... a chanté Sylvie Vartan. Moi qui n'oserai pas chanter, je me contenterai de murmurer : La Rukarara, c'est ma rivière... Oui, je suis bien née au bord de la Rukarara, mais je n'en ai aucun souvenir, les souvenirs que j'en ai sont ceux de ma mère et de son inconsolable nostalgie.Ainsi commence cette suite de nouvelles rwandaises, belles et poignantes, où coulent les tourments et les espoirs de tout un peuple. Se souvenir de tout, et de la mère avant tout, qui, dans sa nostalgie d'exilée, pare la rivière Rukarara de toutes les merveilles de la légende. Et se souvenir des histoires que murmurent les collines : pourquoi Viviane, même nue, porte-t-elle autour de la taille une cordelette où s'accroche un minuscule morceau de bois ?... Et puis, entre la Bible et les aventures de Titicarabi, y a-t-il d'autres livres ? La narratrice ne le croit pas... Et le règne d'un roi peut-il nous être conté par une vache ?... Et si l'on chasse de la colline celle sur qui s'accumulent les malheurs, chassera-t-on grâce à ce bouc émissaire le Malheur inhérent à la condition humaine ?... Mais Cyprien le Pygmée, rejeté de presque tous, aura, lui, un fier destin. Ces histoires s'enchâssent avec maestria comme les tesselles d'une mosaïque. Les mots de Scholastique Mukasonga coulent, cristallins, de mémoire en mémoire, jusqu'à nous montrer, même quand passe le malheur, toute la beauté de la vie.Prix Francine et Antoine Bernheim 2015
Scholastique Mukasonga, née au Rwanda, vit et travaille en Basse-Normandie. Son premier ouvrage, Inyenzi ou les Cafards, a obtenu la reconnaissance de la critique et touché un large public; le deuxième, La Femme aux pieds nus, a remporté le prix Séligmann 2008 “contre le racisme, l'injustice,et l'intolérance”; le troisième, L'Iguifou, a été couronnée du prix Renaissance de la nouvelle 2011.