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L’écho que cet ouvrage n’a cessé de rencontrer depuis sa parution en 1989 au milieu des fastes du bicentenaire de la Révolution tient à son objet, alors tout à fait pionnier : l’exclusion des femmes des affaires de la Cité par la Révolution même qui émancipa politiquement les sujets en citoyens. Car la Révolution française tint, y compris chez ses éléments les plus avancés, à marquer la différence des sexes : elle est traversée – chez Sylvain Maréchal, Constance de Salm, Mme Gacon-Dufour, Cabanis, Mme de Staël, Condorcet, Fourier, Stendhal, de Maistre ou de Bonald – par la question de savoir si le génie peut exister chez une femme, si le sexe de la femme est en rapport avec son cerveau, si les femmes ont le même droit à l’éducation que les hommes, donc à une future citoyenneté. Cette volonté, qui agite la France bien au-delà de 1789, de marquer une différence entre les sexes là où l’émancipation politique a effacé les différences entre les êtres permet enfin de comprendre pourquoi la démocratie française devint pour les femmes, jusqu’en 1945 légalement du moins, une démocratie exclusive.
Geneviève Fraisse est philosophe de la pensée féministe, directrice de recherche émérite au CNRS.