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En août 1963, Kenzaburô Ôé, alors brillant écrivain de vingt-huit ans, part à Hiroshima faire un reportage sur la neuvième Conférence mondiale contre les armes nucléaires. Indifférent à la politique politicienne, il est immédiatement sensible aux témoignages des oubliés du 6 août 1945, écartelés entre le devoir de mémoire et le droit de se taire : vieillards condamnés à la solitude, femmes défigurées, responsables de la presse locale et, surtout, médecins luttant contre le syndrome des atomisés, dont la rencontre allait bouleverser son œuvre et sa vie. Dans leur héroïsme quotidien, leur refus de succomber à la tentation du suicide, Ôé voit l'image même de la dignité. Quel sens donner à une vie détruite ? Qu'avons-nous retenu de la catastrophe nucléaire ? À moins d'adopter l'attitude de celui qui ne veut rien voir, rien dire et rien entendre, demande-t-il, qui d'entre nous pourra donc en finir avec cette part de Hiroshima que nous portons en nous-mêmes ? À aucune de ces questions, toujours d'actualité, Ôé n'apporte de réponse. Il s'interroge, nous interroge. Ainsi confère-t-il à son reportage la dimension d'un traité d'humanisme d'une portée universelle.
Kenzaburô Ôé est né en 1935 dans l'île de Shikoku au Japon. Il étudie la littérature française et soutient une thèse sur Jean-Paul Sartre. Ses premiers textes paraissent dans les années 1950. En 1958, il reçoit le prix Akutagawa, l'équivalent du prix Goncourt, pour