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Au printemps 1948, V. Leduc, encouragée par S. de Beauvoir, entame la rédaction de ce texte auquel elle consacre trois années. Il constituait la première partie, censurée au début des années 1950, de son roman Ravages. Il paraît, sous une forme elle aussi censurée, en 1966. Il s'agit ici du texte intégral du récit de la passion de deux collégiennes.
Thérèse et Isabelle . « Isabelle allongée sur la nuit enrubannait mes pieds, déroulait la bandelette du trouble. Les mains à plat sur le matelas, je faisais le même travail de charme qu'elle. Elle embrassait ce qu'elle avait caressé puis, de sa main légère, elle ébouriffait et époussetait avec le plumeau de la perversité. La pieuvre dans mes entrailles frémissait, Isabelle buvait au sein droit, au sein gauche. Je buvais avec elle, je m'allaitais de ténèbres quand sa bouche s'éloignait. Les doigts revenaient, encerclaient, soupesaient la tiédeur du sein, les doigts finissaient dans mon ventre en épaves hypocrites. ». Dans Thérèse et Isabelle, longtemps censuré, Violette Leduc tente de « rendre le plus minutieusement possible les sensations éprouvées dans l'amour physique ». Voici des pages âpres et précieuses, d'une liberté de ton qu'aucune femme écrivain n'avait osé prendre en France avant elle..