* Les prix de nos produits sont sujets à changements sans préavis.
Plutarque raconte que, des sept mille Athéniens faits prisonniers durant les guerres de Sicile, échappčrent aux travaux forcés dans les latomies, et donc ŕ la mort, ceux qui surent réciter ŕ leurs vainqueurs Grecs comme eux, quelques vers d'Euripide.Les nazis n'appliqučrent pas ce trait de clémence antique aux déportés des camps. Citer Goethe ou Schiller ne fut ŕ ces derniers d'aucun secours.Pourtant la mémoire - la culture - joua un rôle majeur dans le destin des déportés. Savoir par cur un počme met ŕ l'abri du désastre. Ce que l'on garde en esprit, aucune Gestapo, aucune Guépéou, aucune C.I.A. ne peut vous le retirer.En septembre 1944, le peintre Zoran Music est déporté ŕ Dachau. Il y réalise, au risque de sa vie, une centaine de dessins décrivant ce qu'il voit : les scčnes de pendaison, les fours crématoires, les cadavres empilés par dizaines, c'est-ŕ-dire l'indescriptible.Plus que la formule trop citée d'Adorno sur Auschwitz, la question que pose ce livre est la suivante : que pouvait alors la mémoire contre la mort, l'art contre l'indicible ? Non pas 'aprčs', mais dans le quotidien de la vie des camps ? Que peut-elle aujourd'hui dans une modernité qui, par son déni de la culture au nom de l'égalitarisme, et par sa tentation, au nom du progrčs biologique, de légaliser l'euthanasie et l'eugénisme, semble souscrire au nomos de la vie concentrationnaire męme ?
C'est par ce titre, en 1983, que Jean Clair s'est imposé comme le critique le plus virulent, de l'intérieur, de la modernité ou postmodernité artistique. Depuis lors, ces conclusions ont inspiré tout une littérature sur les promesses et désillusions du monde moderne.