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Réflexion philosophique sur les conséquences de progrès tels que ceux des biosciences, du développement des biotechnologies et du déchiffrement du génome sur l'avenir de l'individu et de la société humaine et sur la remise en cause de concepts fondamentaux liés à la liberté individuelle.
Face aux progrès des biosciences, au développement des biotechnologies, au déchiffrement du génome, le philosophe ne peut plus se contenter des déplorations sur l'homme dominé par la technique. Les réalités sont là, qui exigent de lui qu'il les pense à bras-le-corps.. Désormais, la réponse que l'éthique occidentale apportait à la vieille question «Quelle vie faut-il mener ?» : «pouvoir être soi-même», est remise en cause. Ce qui était jusqu'ici «donné» comme nature organique par la reproduction sexuée et pouvait être éventuellement «cultivé» par l'individu au cours de son existence est, en effet, l'objet potentiel de programmation et de manipulation intentionnelles de la part d'autres personnes. Ainsi se trouve rompue la symétrie de responsabilité qui existe par principe entre des personnes libres et égales.. Cette possibilité, nouvelle à tous les plans : ontologique, anthropologique, philosophique, politique, qui nous est donnée d'intervenir sur le génome humain, voulons-nous la considérer comme un accroissement de liberté qui requiert d'être réglementé, ou comme une autorisation que l'on s'octroie de procéder à des transformations préférentielles qui n'exigent aucune autolimitation ?. Trancher cette question fondamentale en la seule faveur de la première solution permet alors de débattre des limites dans lesquelles contenir un eugénisme négatif, visant sans ambiguïté à épargner le développement de certaines malformations graves. Et de préserver par là même la compréhension moderne de la liberté..