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Dans la nuit qui suit l’attentat sur la plage de Sousse le 26 juin 2015, une femme écrit, face à la mer de Sidi-Bou-Saïd : Il faut que je raconte avant demain, que je témoigne, très vite, ce livre sera mon nocturne, puis je rendrai les clefs, je partirai. Cette femme, je la reconnais, c’est moi. Moi dans ce livre qui veut raconter l’histoire de ce père né et mort au XXe siècle, et l’histoire de ce monde d'ici, de ce village de Tunisie que je vais devoir abandonner, dans cette année 2015, année terrifiante, sans répit, aux couleurs nouvelles du XXIe siècle. Maintenant qu’ils sont morts, je me dis que je ne pourrai les consoler qu’en écrivant. En sachant malgré tout que je ne rattraperai rien : à mon tour je dois partir, quitter ceux que j’aime, peut-être ne plus revenir, je ne sais pas encore. À l’annonce de la mort brutale d’Alain, un ami proche, en pleine mer, ressurgit celle du père, en écho. Tous deux ont été atteints au cœur. C’est toujours le cœur qui est attaqué, celui des êtres aimés, celui d’un pays devenu si fragile, celui des exilés. Colette Fellous poursuit ici son exploration des temps et des lieux, en superposant librement passé et présent, Tunisie et Normandie, visages et musiques, pour dire son attachement au monde et à tous ces êtres rencontrés, proches ou parfois plus lointains. Une déclaration d’amour, de celle qui s’en va.