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Dans le sillage de la crise du libéralisme (1880-1914), ce troisième volume est consacré à la crise totalitaire sur laquelle débouche la Grande Guerre. Au-delà des circonstances, les totalitarismes ont partie liée avec des idéologies d’un genre nouveau, nées autour de 1900, à l’enseigne de la révolution et de la nation. Ces idéologies sont à comprendre comme des religions séculières, c’est-à-dire des antireligions religieuses. Reconstituant les trois expériences qui méritent le nom de totalitarismes au sens strict : le bolchevisme, le fascisme et le nazisme, Marcel Gauchet porte l’accent sur la dynamique qui les anime. Les totalitarismes ne se contentent pas de combattre les démocraties bourgeoises comme si elles leur étaient étrangères, ils en procèdent. Ils leur lancent un défi qu’elles sont mises en demeure de relever et qui éclaire par contraste les transformations profondes qu’elles ont connues : les grandes réformes politiques et sociales d’après 1945 prennent tout leur sens en tant que réponses au défi totalitaire. Au vrai, le XXe siècle n’a pas été seulement le théâtre de tragédies sans exemple. Il a été également le siège d’une réussite de la démocratie libérale aussi méconnue que décisive qu’il n’est que temps de tirer de l’ombre.
Marcel Gauchet enseigne à l’École pratique des Hautes études. Entre autres essais, il a récemment publié aux Éditions Gallimard La religion dans la démocratie (Le Débat, 1998, Folio Essais n° 394) et La démocratie contre elle-même (Tel, 2002).