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Sous le titre, ces mots : nouvelle version. Que veulent-ils donc dire? Nouvelle renvoie, de toute évidence, à une autre version, originale. Mais quel écart veut-on ainsi marquer? Le nouveau livre efface-t-il le premier, qui n'en serait dès lors qu'une partie, ou une tentative manquée, incomplète ? Si l'écriture d'un livre est une expérience, la publication y met un terme, définitif. Or, pour une fois – la parution, en 2011, d'un récit en deux chapitres sous le titre Une vieille histoire –, cela n'a pas été le cas. Pourquoi, je ne sais pas ; toujours est-il qu'un jour j'ai constaté que le texte, comme un revenant, continuait mystérieusement à produire. Il a donc fallu recommencer à écrire, comme s'il n'y avait pas eu de livre. Curieuse expérience. Plutôt qu'une continuité, un changement de plan. Demeure le dispositif : à chaque chapitre, sept maintenant, un narrateur sort d'une piscine, se change, et se met à courir dans un couloir gris. Il découvre des portes, qui s'ouvrent sur des territoires (la maison, la chambre d'hôtel, le studio, un espace plus large, une ville ou une zone sauvage), lieux où se jouent et se rejouent, à l'infini, les rapports humains les plus essentiels (la famille, le couple, la solitude, le groupe, la guerre). Ces territoires parcourus, ces rapports épuisés, la course s'achève : dans la piscine, cela va de soi. Puis, tout recommence. Pareil, mais pas tout à fait. Or sept, ce n'est pas juste deux plus cinq. La trame, qui tisse entre eux la chaîne des territoires et des rapports humains, se densifie, se ramifie. Les données les plus fondamentales (le genre, l'âge même du ou des narrateur/s) deviennent instables, elles prolifèrent, mutent, puis se répètent sous une forme chaque fois renouvelée, altérée, La course, stérile au départ, devient recherche, mais de quoi? D'une percée, peut-être, sans doute impossible, ou alors la plus fugace qui soit, mais d'autant plus nécessaire. Jonathan Littell.