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Pierre Clastres et les Indiens Guayakis, qui mangent leurs morts et connaissent donc le vrai goût de l’homme ; Marcel Griaule qui croit rencontrer Hésiode en Afrique, et cueillir le récit des origines sur les lèvres d’un vieillard aveugle ; Georges Dumézil et les peuples de l’Antiquité, dont les histoires et les croyances sont parvenues jusqu’à nous grâce aux textes, comme dans une migration des âmes qui aurait laissé des traces ; l’Éthiopie enfin, qui a gardé de son histoire des archives qui sont parmi les plus vieilles de l’humanité : ces expériences sont l’occasion de revisiter le musée de l’homme dont chacun d’entre nous est le fondateur et le gardien, mêlant ses souvenirs personnels à ceux des voyageurs et des peuples disparus, à la merci d’une mémoire qui refait sans cesse l’inventaire… Un musée où les morts se mettent à parler, où les vivants échangent leurs rôles et leurs masques, redisent les anciennes légendes en les interprétant, relancent l’imaginaire en s’inventant des origines, comme de vieux enfants parfois trop crédules. Ce qui permet de vérifier qu’il existe une autre communauté que celle du sol ou du sens – la communauté des hommes qui se souviennent des mêmes récits.