* Les prix de nos produits sont sujets à changements sans préavis.
Poursuivant une réflexion consacrée à l'individualisme contemporain, l'auteur interroge la notion d'authenticité, devenue une valeur fétiche au XXIe siècle, tour à tour revendiquée, désirée ou promise. Il observe que le succès grandissant de ce concept de droit d'être soi dans les domaines du marketing s'accompagne de sa disparition du champ philosophique.
Gilles Lipovetsky, philosophe et sociologue, est notamment l'auteur, aux Éditions Gallimard, de L'ère du vide (1983), L'empire de l'éphémère (1987), Le bonheur paradoxal (2006), L'esthétisation du monde (avec Jean Serroy, 2013) et Plaire et toucher : Essai sur la société de séduction (2017).
Le sacre de l'authenticité
Le droit d'être soi s'est affirmé, depuis les années 1970, comme une idée-force majeure, un puissant transformateur anthropologique. Il a bouleversé le rapport des individus à eux-mêmes, au genre, à la sexualité et à la famille, au travail et à l'art, à la politique et à la religion. Il a remodelé de fond en comble la façon d'être soi et de vivre en société, façonné une nouvelle condition subjective, enfanté une nouvelle phase de la civilisation des individus. Il a contribué à l'avènement du stade hypermoderne de l'état social démocratique-individualiste : il nous a fait changer de monde.
Nous voici au moment où cet idéal est parvenu au zénith de son rayonnement social. Il s'agit désormais d'être soi dans la consommation courante, dans l'alimentation, les voyages, le vêtir, la décoration du chez-soi, les manières de communiquer. Plus aucun secteur n'échappe au fétichisme de l'authentique. Partout nous voulons du sens, du vrai, de la transparence, du naturel, de la sincérité, de la fidélité à soi-même. Nous vivons la phase de parachèvement historique de la culture d'authenticité.
Est-elle capable de relever tous les défis de notre siècle anxieux ? Rien n'est moins sûr.