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L'auteure met en évidence l'idée généralement admise d'une nécessité de s'adapter dans un monde complexe régi par la pensée néolibérale. Se fondant sur les théories de W. Lippmann et de J. Dewey, elle invite à une réflexion sur les liens entre la pensée politique et l'évolution humaine pour montrer qu'une autre interprétation du sens de la vie est possible. Grand prix Moron 2019.
« Il faut s'adapter » . Sur un nouvel impératif politique . D'où vient ce sentiment diffus et oppressant d'un retard généralisé, lui-même renforcé par l'injonction permanente à s'adapter au rythme des mutations d'un monde complexe ? Comment expliquer cette colonisation des champs économique, social et politique par le lexique biologique de l'évolution ? La généalogie de ce nouvel impératif nous conduit dans les années 1930 aux sources du « néolibéralisme » américain : « néo » car, contrairement au libéralisme classique qui comptait sur la libre régulation du marché, ce nouveau libéralisme autoritaire en appelle aux artifices de l'État (droit, éducation, action sociale). L'enjeu est de transformer l'espèce humaine pour fabriquer les agents d'une compétition mondiale loyale et régulée. Pour Walter Lippmann, théoricien de cette transformation, seul un gouvernement de leaders et d'experts peut conduire l'évolution des sociétés dans la bonne direction. Mais Lippmann se heurte à John Dewey, figure majeure du pragmatisme, qui lui oppose l'intelligence collective des publics, socle d'une indispensable refondation de la démocratie.