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Je crois vous avoir dit que j’avais fait un dialogue entre d’Alembert et moi. En le relisant, il m’a pris en fantaisie d’en faire un second, et il a été fait. Les interlocuteurs sont d’Alembert qui rêve, Bordeu et l’amie de d’Alembert, mademoiselle de Lespinasse. Il est intitulé Le Rêve de d’Alembert. Il n’est pas possible d’être plus profond et plus fou. J’y ai ajouté après coup cinq ou six pages capables de faire dresser les cheveux à mon amoureuse, aussi ne les verra-t-elle jamais ; mais ce qui va bien vous surprendre, c’est qu’il n’y a pas un seul mot de religion, et pas un seul mot déshonnête ; après cela, je vous défie de deviner ce que ce peut être. Ainsi Diderot annonce-t-il, dans une lettre à Sophie Volland, l’un des textes philosophiques les plus étonnants du XVIIIe siècle. Une philosophie matérialiste est-elle possible ? La sensibilité de la matière est-elle pensable ? Suffit-elle pour expliquer la vie, la pensée et l’unité du sujet ? De la médecine à la morale, l’excursion métaphysique rencontre sur son chemin un clavecin sensible, un essaim d’abeilles, une araignée et des chèvre-pieds…