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Achevée pour l’essentiel en 1913, la Sociologie de la religion est le grand manuel synthétique qui fait pendant aux études de Max Weber (1864-1920) sur le protestantisme, le judaïsme et les religions de l’Asie. Initialement conçue comme une section de l’ensemble posthume Économie et société, cette étude fait ici l’objet d’une édition séparée et d’une nouvelle traduction annotée et commentée. Max Weber y livre les outils d’une approche à la fois systématique et remarquablement subtile des pratiques religieuses : la Sociologie de la religion n’est pas seulement une source d’inspiration pour le sociologue, l’historien ou l’anthropologue, mais aussi une leçon de tolérance par l’éducation à la finesse du regard. Dans celui de Max Weber, assoupli par un exercice savant, patient et permanent du comparatisme, une alternative comme celle des «primitifs» et des « civilisés » n’a pas lieu d’être. En rupture avec l’évolutionnisme ethnocentrique de son époque, Weber insiste moins, sans les nier, sur les différences culturelles et «inter-religieuses» que sur les lignes de conflit internes à toutes les religions. Une violente tension sociale oppose selon lui le pôle occupé par les détenteurs professionnels du «savoir» religieux, attachés à la définition de dogmes et à la préservation de la stabilité des institutions, au pôle où se retrouvent à la fois des « prophètes » et des « virtuoses » religieux en rupture avec les rites et les institutions, ainsi que des laïcs toujours soucieux de rappeler que la religion doit aussi répondre à des attentes «magiques» de bienfaits dans la vie quotidienne et de secours face à l’âpreté du destin.