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Toute science, admet-on, commence par détacher un objet en le rendant indépendant des sujets et des situations.Mais cette conception étroite de la connaissance scientifique laisse subsister des zones d'ombre. La conscience n'est pas un objet. Elle est ce sans quoi rien ne pourrait être pris pour objet. La conscience n'est pas détachable des sujets, car elle s'identifie à ce qui est vécu par un sujet. De façon analogue, en physique quantique, un phénomène n'est pas dissociable de son contexte expérimental, car il s'identifie à ce qui se manifeste à grande échelle au laboratoire.Que faire pour ne pas laisser ces cas extrêmes de côté? Généraliser la méthode scientifique. Ne plus la borner à définir et à caractériser des objets, mais l'étendre à la coordination directe des expériences. Telle est la révolution de pensée qu'il faut accomplir pour résoudre, ou plutôt dissoudre, deux questions-limites de la science : le problème de l'origine de la conscience et le paradoxe du chat de Schrödinger en physique quantique.
Michel Bitbol, directeur de recherche au CNRS (Archives Husserl, École normale supérieure), a reçu une formation en médecine, en physique et en philosophie. Il est notamment l’auteur aux éditions Flammarion de Mécanique quantique. Une introduction philosophique (1996), L’Aveuglante Proximité du réel (1998), Physique et philosophie de l’esprit (2000) et De l’intérieur du monde. Pour une philosophie et une science des relations (2010).