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Dès ses premières conceptualisations, aux XVIIeme et XVIIIeme siècles, l’idée de progrès implique l’abolition des limites jusque-là imposées au savoir et au pouvoir de l’homme : l’humanité est indéfiniment perfectible, l’avenir ouvert et constellé de promesses. Maître de la nature, sujet souverain, l’homme dispose du réel qu’il imagine malléable et manipulable à l’infini.C’est au cours du XXeme siècle que les croyances progressistes vont être ébranlées par la découverte d’une barbarie scientificisée et technicisée. La crise environnementale, le constat des « dégâts du progrès » renforceront la vision catastrophiste d’un progrès « meurtrier ». La puissance dangereuse mais bénéfique de Prométhée s’est transformée en pouvoir de destruction. D’où le dilemme paralysant : retour impossible à l’optimisme progressiste ou fuite nihiliste dans la désespérance.La promesse d’une amélioration de la condition humaine demeure cependant un horizon de sens pour l’humanité. Aussi importe-t-il de repenser le progrès. Une telle entreprise suppose d’en retracer quatre siècles d’histoire conceptuelle et politique et d’en analyser les principales théorisations, mais aussi de clarifier les raisons des débats contemporains entre néo- et antiprogressistes.Un exercice de pensée qui se propose de rompre avec les évidences reçues. Car si le progrès a un avenir, c’est à la condition d’être « défatalisé » et « désutopisé ».
Philosophe, historien des idées, politologue, Pierre-André Taguieff est directeur de recherche au CNRS (CEVIPOF). Parmi ses ouvrages : La Force du préjugé (Gallimard, 1990), L’Effacement de l’avenir (Galilée, 2000), Résister au « bougisme » (Mille et une Nuits, 2001), L’Illusion populiste (Berg International, 2002).