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Des attentats aux séismes, des accidents d’avion aux prises d’otages, des massacres de populations aux suicides d’adolescents, tout événement violent appelle la présence de psychiatres et de psychologues qui interviennent au nom de la trace psychique du drame : le traumatisme. Longtemps cette notion a servi à disqualifier soldats et ouvriers dont l’authenticité de la souffrance était mise en doute. Désormais, grâce au traumatisme, les victimes trouvent une reconnaissance sociale.Ce renversement procède de deux histoires convergentes. L’une, intellectuelle, qui va des travaux de Charcot, Janet et Freud à l’invention de l’état de stress post-traumatique aux États-Unis et à sa difficile adoption en France. L’autre, morale, qui fait succéder à un siècle de suspicion une ère de réhabilitation et produit l’émergence d’une nouvelle subjectivité politique : celle de la victime.Le livre explore trois scènes emblématiques où se déploient trois formes d’intervention : la victimologie psychiatrique, après l’explosion de l’usine AZF à Toulouse ; la psychiatrie humanitaire, en Palestine durant la seconde Intifada ; la psychotraumatologie de l’exil, à l’œuvre auprès des demandeurs d’asile.
Anthropologue, sociologue et médecin, Didier Fassin est James D. Wolfensohn Professor of Social Science à l’Institute for Advanced Study de Princeton et directeur d’études à l’EHESS.