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Février 1914 : une grande enquête est lancée pour déterminer le sujet le plus « parisien » du moment. Alsace-Lorraine, tensions avec l’Allemagne, poudrière des Balkans ? Erreur : c’est Bergson ! Chers snobs, que le Collège de France préoccupe davantage que la guerre qui menace. Bergsoniens à la Belle Époque, ils ont été amateurs de loirs au miel dans l’Antiquité, bourgeois gentilhommes ou précieuses ridicules au Grand Siècle, Incroyables ou Merveilleuses sous le Directoire, fashionables sous la Restauration… mais il leur a fallu attendre le milieu du XIXe siècle pour connaître la consécration, grâce au romancier anglais Thackeray, auteur du Livre des snobs, acte de baptême du snobisme. Après la Grande Guerre, la séduction du grand monde finit par se tarir. Fleurit alors un snobisme nouveau, aujourd’hui plus vivace que jamais : il faut être dans le vent, ou mourir ! Goûter l’art cubiste puis abstrait, quand la foule est aux impressionnistes ; s’affoler de la cuisine dite nouvelle pour, quand elle vieillit, célébrer les élucubrations chimiques de chefs inspirés… Ridicules, les snobs ? Avant de leur jeter la pierre, faites votre examen de conscience…
Agrégé de droit public, Frédéric Rouvillois enseigne le droit constitutionnel et les libertés fondamentales à l'université Paris-Descartes. Il a publié une trentaine d'ouvrages, parmi lesquels un manuel de