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Les penseurs, jusqu’ici, n’ont fait que concevoir le temps ; il faut désormais le vivre : tel semble être le mot d’ordre de Bergson dans le chapitre 2 de l’Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), son premier ouvrage, où il entend « saisir la durée pure ».Notre manière ordinaire de représenter le temps est empreinte de concepts issus des mathématiques et de la physique : partant de ce constat, Bergson entame dans ce chapitre, qui est aussi une porte d’entrée à l’ensemble de sa philosophie, une réflexion sur les nombres, les horloges, les mouvements et leurs vitesses, et souligne l’impossibilité de penser adéquatement le temps par ces biais. À la représentation déformée que nous avons forgée du temps, il oppose le temps vécu de la conscience humaine, qui est le seul réel, et qu’il nous invite à ressaisir par l’introspection.Illustration : Virginie Berthemet © Flammarion