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Que nous dit l’art préhistorique des sociétés qui l’ont produit ? À distance des interprétations religieuses communément admises, ce livre suggère d’en repenser la valeur sociale. Ce n’est pas sans raison, en effet, que l’art des grottes se signale, dès ses origines, par un goût marqué pour l’imitation. L’histoire de l’art nous rappelle à juste titre que le prestige suscité par l’imitation sert toujours les intérêts politiques d’une élite (voir la Grèce athénienne ou la Renaissance florentine). Mais plus encore, le savoir-faire exceptionnel qui est mis en œuvre dans les grottes révèlerait déjà des statuts différenciés entre les individus ; il nécessite à l’évidence un apprentissage et repose de surcroît sur des prédispositions naturelles que tous ne possèdent pas.La conséquence est majeure : les inégalités ne seraient pas nées, comme on le croit ordinairement, au Néolithique avec l’apparition de l’agriculture, mais dès le Paléolithique récent, en lien avec l’émergence d’un système économique fondé sur le stockage des ressources sauvages. La captation de ces surplus par une minorité aurait ainsi permis l’apparition de lignages dominants, et l’art des grottes aurait, dans cette optique, le rôle clé d’affirmer cette hiérarchie : équivalent d’un code héraldique, il permettrait à une caste de se différencier en se prévalant de ses origines mythiques. D’établir, en somme, les bases d’un « paléocapitalisme » préhistorique.