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Chez Diderot, le matérialisme n'est jamais exposé sous la forme d'un traité ni ne semble dépendre de principes explicitement énoncés. Il est néanmoins soucieux de faire accréditer ses affirmations par les sciences de son temps. Se limitant à l'étude de quatre textes, l'auteur essaie de trouver et d'assembler les "plans perdus" du matérialisme.
La singularité du matérialisme de Diderot ne réside pas tant dans l'idée que la «sensibilité est une propriété générale de la matière» que dans le caractère inachevé et vraisemblablement interminable de sa pensée philosophique. Consigné dans des textes où il est l'objet d'une mise en scène et d'une mise en écriture, le matérialisme chez Diderot n'est jamais exposé sous la forme d'un traité ni ne semble dépendre de principes explicitement énoncés.. Pourtant, l'auteur des Pensées sur l'interprétation de la nature semble soucieux de faire accréditer ses affirmations par les sciences de son temps (physiologie, médecine, chimie, etc.) et de vouloir confier aux savoirs positifs le soin d'achever «la métaphysique la plus hardie».. Mais contrairement à ce qui est souvent avancé, ce recours aux sciences ne confère pas au matérialisme diderotien une allure ni même une prétention scientifiques. Les sciences sont bien plutôt exploitées pour leurs ressources en images, métaphores, analogies, etc., étant mises au service d'un matérialisme ouvertement conjectural, relevant de l'imagination, seule adéquate à s'ouvrir à la «possibilité des choses».. Se limitant à quatre grands textes, on a seulement voulu dans ce travail essayer de retrouver et d'assembler les «plans perdus» du matérialisme diderotien. On suggérera que cette dispersion est sans doute l'effet du rapport critique de Diderot avec la spéculation qui débouche sur une conception esthétique de l'activité de la raison et un scepticisme inattendu chez le directeur de l'Encyclopédie..