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Réflexion sur la place de la liberté d'expression dans la société occidentale contemporaine confrontée à une libéralisation de la parole qui entraîne certaines dérives : propos haineux, racistes et sexistes, diffusion de rumeurs ou d'informations confidentielles. L'auteure apporte sa contribution au débat sur l'instauration de restrictions légales ou à la défense absolue de cette liberté.
Directrice de recherche au CNRS, philosophe, spécialiste de la pensée morale et politique contemporaine, Monique Canto-Sperber a notamment publié La morale du monde (2010) ; L'idée de guerre juste (2010) ; La philosophie morale (avec Ruwen Ogien, rééd. 2017) ; L'oligarchie de l'excellence (2017) et La fin des libertés ou comment refonder le libéralisme (2019).
Jusqu'où ? Jusqu'où laisser les apprentis censeurs d'aujourd'hui définir ce qu'on peut dire et ce qu'il faut taire ? Jusqu'où tolérer que la haine envahisse le monde numérique ? Jusqu'où supporter que des extrémistes privatisent les règles de la parole et refusent le débat pour installer leur hégémonie ? La parole publique est déjà l'objet d'un rapport de forces, elle sera demain l'enjeu d'un conflit. Le temps des injonctions est révolu, il faut désormais résister.
La parole fait mal ; elle change le seuil du tolérable et peut même réduire au silence. Il est donc légitime de la limiter, mais au plus près des délits et sans censure préventive. On peut tout dire, mais pas n'importe comment et à condition de ne pas être seul à parler.
Le concept moderne de liberté d'expression fut forgé entre le XVIIe et la fin du XVIIIe siècle. Les outils numériques, le multiculturalisme, la démocratisation de la parole l'ont rendu peu à peu inadéquat pour régler la parole publique.
Fidèle à la tradition libérale, ce livre revient sur l'histoire de la liberté d'expression et en renouvelle le sens. Pour la défendre, il montre qu'une philosophie des limites, des concepts sobres, des moyens inventifs seront plus utiles qu'une croisade. Ne plus se lamenter sur l'état des choses, mais combattre pour ne pas nous retrouver un cadenas sur la bouche et une prothèse dans la tête.
