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Notre vie se passe dans une quête inassouvie de l'autre. Mais plutôt que de chercher sans cesse l'autre à l'antipode, dans le diamétralement différent ou le diamétralement opposé, ne faudrait-il pas ouvrir un écart au sein de ce que l'on croyait semblable et y sonder ce qui se révélerait d'un autre possible ?
Notre vie, ne la passons-nous pas en quête inassouvie de l'Autre ? De l'autre, enfin, qui soit autre.. Or ce tout autre n'est pas à attendre de quelque Là-bas espéré, d'un lointain fantasmé : la pensée ne fera toujours que tourner en rond dans cet imaginaire projeté.. Mais il se découvre si près, à portée, dans ce que l'on a trop placidement, paresseusement, assimilé. L'inouï ne tombe pas de quelque ciel féerique, mais s'extrait de ce qu'on foule si négligemment d'instants banals.. L'opposé lui-même n'est plus autre, car il ne confronte plus à de l'inconnu : il est désormais posé devant, « en face », diamétralement aligné, et même dramatiquement érigé ; mais déjà assigné, inerte et rangé - l'opposé déjà s'entend avec son autre.. De là qu'il faudra, je crois, procéder de façon inverse. Chercher de l'autre, non pas dans ce qui s'annonce à l'antipode, dans le rôle du contraire, qui déjà est complémentaire. Mais plutôt en ouvrant un écart au sein de ce qu'on croirait semblable, le plus à proximité, apparemment le plus apparenté : pour y sonder ce qui s'y fissurerait secrètement d'un autre possible.. Ainsi, déjà, entre le « plaisir » et la « jouissance » - eux qu'on croyait accolés.. Car c'est en émergeant d'un tel écart qu'un Autre - Toi - peut être rencontré.. Penser l'autre : n'est-ce pas là ce qui peut relancer la philosophie et, d'abord, nous fait accéder à l'existence ?
F.J..