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L'édition d'origine des Méditations en 1820, mince plaquette de 24 pièces, marque une révolution de la poésie française. Comme le soulignait Charles Nodier, à la place de la recherche de traits précieux, de la monotonie des fables grecques, le poète évoque les passions de l'âme et de la nature.
En 1849, à près de soixante ans, alors que sa figure déjà s'efface et que son récent échec à la présidence de la République vient d'écorner sa gloire, Lamartine, dans une préface aux Méditations poétiques, confie sans gloriole inutile: «Je suis le premier qui ai fait descendre la poésie du Parnasse, et qui ai donné à ce qu'on nommait la muse, au lieu d'une lyre à sept cordes de convention, les fibres mêmes du coeur de l'homme, touchées et émues par les innombrables frissons de l'âme et de la nature.». Et il est vrai que lorsque cette mince plaquette de vingt-quatre pièces paraît en 1820, une révolution s'accomplit avec elle. Loin de l'ancienne fabrique, dans cette forme neuve qu'est la méditation, la poésie tout à coup devient émotion. En elle s'expriment des sentiments et des passions qui font rêver, des vérités qui agrandissent l'âme, et dans la simplicité d'un monde épuré - mer et montagne, lac et vallon - une expérience personnelle s'affirme, où peut se retrouver la communauté des lecteurs: «D'un jour à l'autre, écrit Sainte-Beuve, on avait changé de climat et de lumière, on avait changé d'Olympe: c'était une révélation.».