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A Lisbonne, dans deux villes de l'Alentejo et à Peniche, se superpose le monologue intérieur de plusieurs personnages, qui ont connu un ancien agent de la police politique de Salazar, qui aurait tué le mari de sa maîtresse. Le présumé criminel pense que les amis de la victime veulent se venger. Son discours se mêle à celui de sa maîtresse, de sa femme, de sa soeur et de deux collègues.
«Il doit être minuit parce que les bruits, ceux du jardin, ceux de la maison et ceux de ma femme qui a fait partir les chiens en les fouettant légèrement avec une branche. - Fichez-moi le camp. Elle a attaché la chienne en chaleur dans le garage et je parie qu'elle s'est couchée parce que pas de lumière dans le couloir ni dans la chambre dans laquelle je ne pénètre plus depuis des siècles, je reste ici très loin d'elle avec tout ce silence et cette obscurité entre nous, pas de froissement de draps ni une latte du lit quand elle change de position, les lampadaires d'Évora de l'autre côté de la maison, par cette fenêtre des bruyères, même mon reflet a disparu sur les vitres». «Qui parle, tout au long des immenses coulées qui forment les fleuves de l'oeuvre d'António Lobo Antunes ? Et à qui ? Peu importe après tout : ces voix se mêlent, leurs monologues intérieurs se croisent sans rompre la solitude où chacune ressasse ses obsessions. C'est toujours le même livre, et pour qui est sensible à cette écriture en incises, à ce trouble, à ce vertige verbal, c'est un bonheur toujours renouvelé.» (Isabelle Rüf, Le Temps).