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A la suite d'Adorno qui s'interrogeait sur la possibilité d'une poésie après Auschwitz, Paul Celan, habité par la même question, rencontra en 1967 Heidegger pour lui demander d'expliquer son attitude durant la guerre. Le silence fut la seule réponse. Avec cet épisode en fond, l'auteur examine le rôle actuel et la destination de la poésie.
La question d'Adorno «la poésie, après Auschwitz, est-elle encore possible ?» était également, bien que sur un autre mode, la question même de Paul Celan. Celle qui, aggravant la poésie, ne cessait de la rendre plus difficile. C'est parce qu'il portait en lui une telle question que Celan, en 1967, accepta de rencontrer Heidegger avec l'intention de lui demander - à lui, le penseur de la poésie mais aussi le penseur de cet âge du monde qui est le nôtre, de s'expliquer sur son attitude dans les premiers temps du national-socialisme et, surtout, de sortir du silence obstiné qu'il avait observé depuis la fin de la guerre sur Auschwitz : sur l'extermination, cet «évènement sans réponse» comme dit Blanchot. Heidegger ne dit pas un mot. Fit comme s'il ne comprenait pas. Sur le fond de cet épisode, emblématique, ce livre essaie de s'interroger sur la tâche aujourd'hui, et la destination de la poésie. .