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A partir de l'étude de la correspondance d'une jeune célibataire dans le dénuement, tombée enceinte à 20 ans, et de son assistante sociale, l'auteur analyse le destin social de filles hors normes et frondeuses, souvent en rupture familiale, prises en charge par les pouvoirs publics dans les années 1950 et 1960.
Une fille en correction . Lettres à son assistante sociale (1952-1965) . Dans le sous-sol d'une association chargée de l'enfance à Avignon, sur des étagères en acier des années 1950, se succèdent trois cents mètres de dossiers noircis par le temps. « C'est un débarras », me lance Chantai, la cheffe du service, « vous ne trouverez que du vieux papier ! ». Des fouilles surgissent 160 lettres entre Micheline - enceinte à 20 ans - et Odile, assistante sociale auprès du tribunal pour enfants.. L'histoire commence ainsi. Une grossesse hors mariage et en situation de pauvreté, c'est une vie scellée dans un foyer maternel. Tandis qu'un cercle de femmes « sages » s'occupe de Micheline, celle-ci se révolte et s'enfuit. On la recherche dans tout le Roussillon. Odile la rattrape. Micheline aime sortir au bal ? L'assistante sociale l'en dissuade et la menace. Et pourtant, elle l'aime bien, cette échevelée ! C'est « ma fille », écrira-t-elle un jour.. C'est dans l'entrelacs de cette correspondance, sur le fil des relations entre Micheline et Odile, que se tisse le récit de Jean-François Laé autour des plaintes, de la soumission et de la révolte de ces jeunes femmes si tôt assignées. Filles célibataires, indisciplinées ou frondeuses, souvent en bisbille avec leurs familles, elles sont les oubliées de notre histoire.. À travers la révolte de Micheline, Jean-François Laé poursuit inlassablement son exploration des vies « faibles », fragiles, celles d'« anormaux » qui lancent un défi à l'ordre social..