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Publiée en 2017, cette étude identifie quatre phénomènes qui inversent la courbe croissante des inégalités : guerre, révolution, effondrement de l'Etat et pandémie. La démonstration se déroule travers l'histoire d'une grande diversité de sociétés, de l'Athènes de Périclès au Japon d'Hirohito, des Mayas à la Somalie contemporaine, de la Chine impériale à la grande Babylone.
Walter Scheidel
Historien de grand renom, Walter Scheidel enseigne à l'université Stanford, où il est titulaire de la chaire Dickason, professeur d'études classiques et d'histoire, et membre du département Kennedy-Grossman de biologie humaine. Il a écrit ou dirigé une vingtaine d'ouvrages, en particulier en histoire économique et sociale de la période prémoderne, en démographie et en histoire comparée. Sommité dans son domaine - l'histoire des civilisations antiques européennes -, Scheidel a inventé une nouvelle approche des mondes antiques, en utilisant des arguments socioéconomiques généralement appliqués à notre temps pour éclairer notre passé lointain.
Une histoire des inégalités
C'est une fresque saisissante que Walter Scheidel déroule sous nos yeux : sur des milliers d'années et au sein des sociétés les plus diverses, il examine les épisodes de l'Histoire humaine où la courbe croissante des inégalités économiques s'est inversée.
Et nous découvrons, contre toute attente, qu'elles sont une caractéristique intrinsèque des civilisations avancées et que leur réduction est moins probable en période de paix et d'abondance qu'en période de déstabilisation et de chaos, où elles reculent souvent au prix de violences mortifères. Avant de renaître, inéluctablement.
Dans cette plongée historique jusqu'au Néolithique, Walter Scheidel identifie quatre processus ou facteurs de liquidation des inégalités extrêmes et de progression de l'égalité - la guerre, la révolution, l'effondrement de l'État et la pandémie -, en se gardant de tout déterminisme.
L'auteur navigue à travers les âges, fait revivre les souffrances des temps jadis et reconstitue les inégalités à partir d'une connaissance encyclopédique des travaux existants et d'une compilation systématique des vestiges, des traces - tessons de céramique, plans de ville, surfaces habitables, âge au moment du décès, tailles des squelettes, obscures inscriptions ou antiques poèmes... Il restitue les liens de dépendance entre les hommes, ainsi que les lieux de pouvoir et d'accumulation. Il nous entraîne du Japon d'Hirohito à l'Athènes de Périclès, des Mayas des plaines à l'actuelle Somalie, de la Chine impériale à la grande Babylone, de la République romaine à l'Empire hittite, de la civilisation mycénienne à l'Égypte mamelouke, de I'URSS et de la Chine communistes aux États-Unis et aux principaux pays de l'Europe moderne et contemporaine. Partout, il ausculte la nature des drames et leur capacité à mobiliser, détruire et changer les hommes.
L'analyse de Scheidel éclaire ainsi d'un jour nouveau la persistance des inégalités et nous rappelle l'urgence de répondre politiquement à une globalisation dont les fragilités accumulées pourraient entraîner un collapsus à l'échelle mondiale.