couverture

Héritocratie

Les élites, les grandes écoles et les mésaventures du mérite (1870-2020)

Pasquali, Paul

  • Éditeur : La Découverte
  • Collection : envers des faits
  • 311 pages
  • ISBN 9782348042683
  • Paru le 21 octobre 2021
  • 32,95 $ *
  • Sciences sociales

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Résumé

Réflexion sur l'histoire de la méritocratie à la française. S'appuyant sur des archives et des statistiques en partie inédites, de la IIIe République au XXIe siècle, l'auteur étudie comment les filières d'excellence ont pérennisé un système fondé sur la reproduction sociale et la perpétuation de l'ordre établi, tout en entretenant le mythe d'un âge d'or méritocratique.

Biographie de l'auteur.e

Paul Pasquali est sociologue, chargé de recherche au CNRS. Il a notamment publié Passer les frontières sociales. Comment les « filières d'élite » entrouvrent leurs portes (rééd. La Découverte/Poche, 2021).

Quatrième de couverture

Pour relancer un « ascenseur social » interminablement en panne, les grandes écoles affichent depuis quelques années leur ouverture à la « diversité » et leur volonté de renouer avec la méritocratie qu'elles auraient incarnée par le passé. Certains les accusent au contraire d'instaurer des critères étrangers au mérite, quand d'autres dénoncent une volonté de sceller le sort des universités, reléguées à la gestion des flux étudiants. Mais, de la IIIe République à nos jours, les grandes écoles ont-elles jamais récompensé le mérite ?

En retraçant les controverses oubliées et les choix politiques qui ont garanti les prérogatives de ces établissements et ainsi légitimé un haut niveau de reproduction sociale, cette enquête socio- historique montre que rien n'est moins sûr. Si l'évocation rituelle de figures emblématiques de boursiers entretient le mythe d'un âge d'or méritocratique, l'histoire de ces filières d'excellence révèle la pérennité d'un système héritocratique, grâce auquel des élites résolues à défendre leurs frontières et leurs intérêts parviennent à consacrer leur héritage comme un privilège mérité.

Replacée dans des rapports de force qu'occulte la croyance en l'égalité des chances, l'introuvable démocratisation des grandes écoles ne s'explique pas par un complot de caste, mais par une succession de luttes dont les élites en place sont régulièrement sorties victorieuses. Face aux perspectives de changement et aux projets de réforme, elles ont su se mobiliser pour restaurer l'ordre qui était sur le point de s'ébranler. Des lendemains de la Commune au Front populaire et à la Résistance, de la Libération à Mai 68 et aux années Mitterrand jusqu'à Parcoursup et la refonte de l'ENA, la continuité qui s'observe derrière les secousses éphémères et les évolutions structurelles ne relève donc pas d'une mécanique implacable - ni d'une fatalité politique.