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Les auteurs montrent comment les firmes industrielles ont développé des stratégies d'enrôlement des scientifiques afin de capturer les circuits de diffusion du savoir. Alors que la propagation de la bonne information scientifique, certifiée par les savants, est essentielle, ces industriels tentent de la contrôler pour prendre position dans l'espace de la médiation scientifique, gage de pouvoir.
Journalistes au Monde,Stéphane Foucart et Stéphane Horel ont reçu en 2018 le Prix européen du journalisme d'enquête pour leur série sur les Monsanto Papers. Le premier a notamment publié La Fabrique du mensonge (Denoël. 2013) et la seconde Lobhytomie (La Découverte, 2018). Sylvain Laurens est sociologue, maître de conférences à l'EHESS et il a récemment publié Militer pour la science. Les mouvements rationalistes en France (1930-2005) (Éditions de l'EHESS. 2019).
Les gardiens de la raison
Les années 2000 ont vu déferler les mensonges des industriels du tabac, des énergies fossiles ou des pesticides et leurs études commanditées dissimulant la dangerosité de leurs produits. Explorant les nouvelles frontières du lobbying, cette enquête dévoile les stratégies de manipulation qu'emploient désormais ces « marchands de doute » pour promouvoir leur « bonne » science et s'emparer du marché de l'information scientifique.
Leur cible privilégiée n'est plus seulement le ministre ou le haut fonctionnaire. Aux aguets sur les réseaux sociaux, des agences spécialisées visent le professeur de biologie de collège, blogueur et passeur de science, le citoyen ordinaire, le youtubeur, le micro-influenceur. Instrumentalisés pour propager des contenus dégriffés, les amateurs de science sont transformés en relais zélés des messages de l'industrie et en viennent à se considérer comme des gardiens de la raison.
Parmi ces fact-checkers, vérificateurs d'informations autoproclamés, peu savent qu'ils amplifient des éléments de langage concoctés par des officines de relations publiques. Une poignée d'intellectuels et de scientifiques, en revanche, participe sciemment à la réactualisation, autour de la science, de tout le crédo conservateur. Un projet politique volontiers financé par l'argent des industriels libertariens, et qui porte la marque de leur idéologie anti-environnementaliste et antiféministe.