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A l'occasion d'une rétrospective organisée au Grand Palais en 2015, cette monographie revient sur le parcours du peintre japonais et dresse un panorama de ses oeuvres, du croquis à l'estampe.
Henri Focillon (1881-1943) est un prestigieux historien de l'art. Il a été, entre autres, directeur du musée des beaux-arts de Lyon, professeur au Collège de France et à l'université de Yale aux États-Unis, représentant de la France à la commission des Lettres et des Arts de la Société des Nations aux côtés de Paul Valéry, et engagé auprès du général de Gaulle dès juin 1940... Pour le moins, il dispose d'une certaine clairvoyance. Au milieu de ses activités de poète, graveur et pédagogue, ce spécialiste de l'art du Moyen-Âge et du cinéma, touche-à-tout de génie, est aussi un théoricien de grande envergure et un commentateur particulièrement avisé de tous les arts de son temps. C'est dire que, quand il rencontre celui du plus grand des Japonais, qui a tout inventé ( !), le propos est élogieux. Le texte de Focillon sur Hokusai, paru en 1914, est publié ici en version intégrale, enrichi d'un nombre conséquent des estampes qui allaient révolutionner le monde de l'art tout entier.. L'historien présente ainsi le peintre, objet de son étude : « Hokusai fut d'abord un homme d'école, le camarade et l'émule de ces délicats. Puis, son indépendance géniale lui fit abandonner les systèmes et les disciplines, et tenter toutes les expériences qui sollicitèrent sa libre humeur. Il voulut ne se refuser à rien. Toutes choses prirent place dans l'immensité de son art, égale à l'immensité de l'univers. Il fut enivré par le spectacle de la vie et par la multiplicité des formes. Même dans les périodes de naturalisme intense, l'art japonais n'avait rien connu de pareil. Cette fois, l'expérience esthétique plonge au coeur même de la vie, sans réticence et sans choix. Les hommes et les bêtes, les humbles témoins de l'existence quotidienne, la légende et l'histoire, les solennités mondaines et les métiers, tous les paysages, la mer, la montagne, la forêt, l'orage, les pluies tièdes des printemps solitaires, le vent allègre des coins de rue, la bise sur la campagne rase - tout cela, et le monde des songes, et le monde des monstres -, tel est le domaine d'Hokusai, si l'on peut le limiter à des mots. ».