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Dossier sur Giordano Bruno (1548-1600) qui soutint la thèse d'un univers infini, de la pluralité des mondes et du vitalisme cosmique et sur Galilée (1564-1642) qui jeta les fondements des sciences mécaniques et défendit la conception copernicienne de l'univers, ainsi que sur leurs efforts stylistiques pour impliquer leur lectorat dans cette nouvelle vision du monde.
Le 17 février 1600, s'allumait au coeur de Rome, sur le Campo dei Fiori, le bûcher où périssait Giordano Bruno, «philosophe-troubadour de l'infini», l'un des plus libres esprits de son temps - et peut-être de tous les temps. Ayant opté pour le copernicianisme, Bruno l'avait dépassé d'emblée. Ce n'est pas la théorie purement astronomique de l'héliocentrisme qui le passionnait, mais la nouvelle vision du monde qu'engageait le décentrement de la Terre - non pas la cosmographie, mais la cosmologie. Il fut l'ardent propagandiste d'un univers infini, de la pluralité des mondes, et du vitalisme cosmique. Certes, il serait abusif de faire de Bruno le pionnier de la science nouvelle. C'est Galilée, de vingt ans son cadet, qui en jettera les fondements. Le génie de Galilée ne réside pas seulement dans ses découvertes scientifiques, que ce soit en mécanique ou en astronomie, mais tout autant dans sa méthodologie : défendant la méthode expérimentale, il insista sur la nécessité d'adopter en physique des modèles mathématiques. Il dut subir deux procès intentés par le Saint Office (1616 et 1633). Dans la prose philosophique et scientifique de Bruno et de Galilée les choix stylistiques et formels sont de première importance : ils découlent de leur prise de conscience du rôle social de la science et de la philosophie. Seule une nouvelle langue, ou plutôt une langue capable de supporter le poids de l'annonce du nouveau monde, peut frapper le lecteur et le rendre solidaire de la révolution en acte. Au-delà des différentes expériences stylistiques et d'écriture de Bruno et Galilée, ce qui compte, pour nous aujourd'hui, c'est la lutte qu'ils ont menée pour impliquer leurs lecteurs, le «public», dans la nouvelle vision du monde. La littérature est le lieu où les efforts déployés par Bruno et Galilée pour faire partager leurs enthousiasmes s'exercent en combats souvent violents. Ils ont l'ambition de faire de la connaissance de l'univers une forme d'engagement anthropologique. Des astres, aux cités, aux hommes. .