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Présentation de certains dispositifs institutionnels et idéologiques du colonialisme français à partir de l'analyse des massacres de Sétif du 8 mai 1945 et de Paris du 17 octobre 1961. Pour l'auteur, les colonisés ont été institués comme corps d'exception, indignes de la qualité de citoyen, réputés dangereux et inclus dans le corps social en tant qu'exclus.
À l'époque coloniale, le corps indigène est soumis à un état d'exception permanent. Ce procédé est au coeur de l'institution de l'indigénat. Sur le plan juridique et politique, le sénatus-consulte rend le droit musulman et les coutumes des colonisés incompatibles avec la moralité républicaine, tandis, que sur le plan culturel, le colonisé est représenté comme indigne de la qualité de citoyen - bien qu'il soit membre de la nation française. Inclus en tant qu'exclu, il se trouve assujetti à un régime légal qui établit au coeur de l'Etat de droit une suspension du principe d'égalité.. Cette exception juridique et politique n'a toutefois pas disparu avec la décolonisation, comme le montre la fréquence des crimes policiers dans les quartiers populaires ou le caractère xénophobe et répressif des lois successives sur l'immigration. Les représentations discriminantes demeurent vivaces dans la société française d'aujourd'hui, et la violence institutionnalisée s'abat depuis des décennies sur les populations issues des anciennes colonies. Le Corps d'exception fait la démonstration implacable de cette continuité..