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Le philosophe estime que l'animal conçu comme un être sensible et vulnérable reste une abstraction, qui, sous couvert d'élever son statut et de lui garantir une protection, ne respecte pas son altérité fondamentale et la richesse de son mode d'existence. Il s'enquiert d'un cadre conceptuel unifié pouvant mettre en cohérence approches environnementales et animales à l'ère de l'anthropocène.
Agrégé, docteur en philosophie et en géosciences & environnement, Hicham-Stéphane Afeissa est spécialiste de philosophie environnementale et animale.
Comment mettre un terme au rapport de domination et de violence que nous entretenons avec la nature en général et les animaux en particulier ? Peut-on espérer y parvenir en apprenant à nous réconcilier avec la vie censée relier de manière essentielle l'homme et l'animal, et à entrer en résonance avec une nature qui a cessé de nous parler ? Le but de ce manifeste est de montrer les limites et les faiblesses du principe d'une telle solution en plaidant pour une écologie de la différence. L'animal conçu comme être sensible et vulnérable, méritant en tant que tel pitié et compassion, est une abstraction philosophique qui, sous couvert d'élever le statut des animaux et de leur garantir une forme de protection morale et juridique, commence par leur faire violence en ne respectant pas leur altérité fondamentale et la richesse de leur mode d'existence. La planète - même et peut-être plus que jamais à l'âge de l'Anthropocène - demande elle aussi à être comprise dans son étrangeté comme nature créative, potentiellement incontrôlable et foncièrement imprévisible.