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« Pourquoi la vie ? » De telles questions sont longtemps restées l'apanage des philosophes, qui abandonnaient le « comment » aux scientifiques. Aujourd'hui, les épigones de Darwin ne craignent plus de s'y attaquer. Il y a plus d'un siècle, le naturaliste anglais se créditait modestement « d'avoir apporté quelque lumière sur l'origine des espèces — ce mystère des mystères ». Dans les décennies qui suivirent, deux avancées majeures ont permis aux biologistes de résoudre nombre de questions laissées en suspens par Darwin. La découverte des lois de l'hérédité, suivie de celle de l'ADN, ont apporté à la théorie darwinienne les fondations qui lui manquaient, donnant lieu à une vaste synthèse qualifiée de néodarwinienne. On a depuis maintes fois confirmé l'aphorisme de Theodosius Dobzhansky : « Rien n'a de sens en biologie, si ce n'est à la lumière de l'évolution. » Cette situation n'est pas du goût de tous, car les idées évolutionnistes n'ont rien perdu de leur pouvoir de scandale : alors que Darwin faisait tomber l'homme de son piédestal, la génétique évolutive, dont ce livre donne le premier exposé accessible au grand public, fait subir un sort comparable à l'individu : tenu jusqu'alors pour la cible de la sélection et le sujet de l'évolution, il cède la place au gène, dont il n'est plus que l'avatar.
Pierre-Henri Gouyon, biologiste, est professeur au Muséum d'histoire naturelle, conseiller scientifique à la fondation Nicolas Hulot, membre du comité d'éthique de l'Inserm.
Pourquoi la vie ? De telles questions sont longtemps restées l’apanage des philosophes, qui abandonnaient le comment aux scientifiques. Aujourd’hui, les épigones de Darwin ne craignent plus de s’y attaquer. Il y a plus d’un siècle, le naturaliste anglais se créditait modestement «d’avoir apporté quelque lumière sur l’origine des espèces – ce mystère des mystères». Dans les décennies qui suivirent, deux avancées majeures ont permis aux biologistes de résoudre nombre de questions laissées en suspens par Darwin. La découverte des lois de l’hérédité, suivie de celle de l’ADN, ont apporté à la théorie darwinienne les fondations qui lui manquaient, donnant lieu à une vaste synthèse qualifiée de néodarwinienne. On a depuis maintes fois confirmé l’aphorisme de Theodosius Dobzhansky : «Rien n’a de sens en biologie, si ce n’est à la lumière de l’évolution.» Cette situation n’est pas du goût de tous, car les idées évolutionnistes n’ont rien perdu de leur pouvoir de scandale : alors que Darwin faisait tomber l’homme de son piédestal, la génétique évolutive, dont ce livre donne le premier exposé accessible au grand public, fait subir un sort comparable à l’individu : tenu jusqu’alors pour la cible de la sélection et le sujet de l’évolution, il cède la place au gène, dont il n’est plus que l’avatar.