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Le philosophe et sociologue démontre la remise en cause de l'idée de monde partagé par la convergence de la dérégulation économique, de la montée des inégalités et de la négation du dérèglement climatique. Il propose d'analyser les prises de position des différents acteurs politiques face à cette situation.
Bruno Latour, professeur émérite associé au médialab de Sciences Po, est notamment l'auteur de Face à Gaïa. Huit conférences sur le Nouveau Régime Climatique publié en 2015.
Où atterrir ?
Comment s'orienter en politique
Cet essai voudrait relier trois phénomènes que les commentateurs ont déjà repérés sans toujours voir ce qui les unit - ni, par conséquent, l'immense énergie politique qu'on pourrait tirer de leur rapprochement.
D'abord la « dérégulation » qui va donner au mot « globalisation » un sens de plus en plus péjoratif ; ensuite, l'explosion de plus en plus vertigineuse des inégalités ; enfin, l'entreprise systématique pour nier l'existence de la mutation climatique.
Lhypothèse est qu'on ne comprend rien aux positions politiques depuis cinquante ans si l'on ne donne pas une place centrale à la question du dérèglement climatique et à sa dénégation. Tout se passe en effet comme si une partie importante des classes dirigeantes était arrivée à la conclusion qu'il n'y aurait plus assez de place sur terre pour elles et pour le reste de ses habitants. C'est ce qui expliquerait l'explosion des inégalités, l'étendue des dérégulations, la critique de la mondialisation et, surtout, le désir panique de revenir aux anciennes protections de l'État national.
Pour contrer une telle politique, il va falloir atterrir quelque part. D'où l'importance de savoir comment s'orienter. Et donc dessiner quelque chose comme une carte des positions imposées par ce nouveau paysage au sein duquel se redéfinissent non seulement les affects de la vie publique mais aussi ses enjeux.