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Dans quelles conditions la linguistique contemporaine peut-elle approcher la syntaxe de l’ancien français ? Ici nous ne disposons pas d’intuitions, mais de textes. Ce qui entraîne la thèse suivante : la recherche, traversée par les théories actuelles, en particulier énonciatives, seules capables d’instituer en problème la disparate des données, doit adopter une pratique conforme à son objet : la langue d’œuvres manuscrites non fixées. L’analyse joint à l’hypothèse linguistique l’apport des savoirs philologique et littéraire ; elle reconstitue l’unité du médiévisme. Étudier la représentation de la parole éclaire et justifie cette procédure totalisante. Le discours dans cette littérature naissante unit la syntaxe et le style ; l’énoncé confronte le code de la langue à celui de la communication esthétique. Ainsi, une forme d’écriture nouvelle, la prose, se crée au XIIIe siècle, dans un rapport suspicieux à la parole ; ainsi, un élément énonciatif complexe, l’adverbe mar, figure la profération médiévale du malheur. Phénomènes d’écriture et d’énonciation, signes et signaux participent à une édification. Cette parole monumentale fait résonner en littérature ce qui est le lien et la mémoire de la société médiévale : la voix humaine. Toute parole engage, donne sens. Représentée, elle gagne une rigueur qui place la rhétorique du discours entre le théâtre et le droit. Cet ouvrage est paru en 1981.
Linguiste né en 1947, Bernard Cerquiglini a consacré une douzaine d'ouvrages à la langue française. Il est membre de l'Oulipo.
Dans quelles conditions la linguistique contemporaine peut-elle approcher la syntaxe de l’ancien français ? Ici nous ne disposons pas d’intuitions, mais de textes. Ce qui entraîne la thèse suivante : la recherche, traversée par les théories actuelles, en particulier énonciatives, seules capables d’instituer en problème la disparate des données, doit adopter une pratique conforme à son objet : la langue d’œuvres manuscrites non fixées. L’analyse joint à l’hypothèse linguistique l’apport des savoirs philologique et littéraire ; elle reconstitue l’unité du médiévisme. Étudier la représentation de la parole éclaire et justifie cette procédure totalisante. Le discours dans cette littérature naissante unit la syntaxe et le style ; l’énoncé confronte le code de la langue à celui de la communication esthétique. Ainsi, une forme d’écriture nouvelle, la prose, se crée au XIIIe siècle, dans un rapport suspicieux à la parole ; ainsi, un élément énonciatif complexe, l’adverbe mar, figure la profération médiévale du malheur. Phénomènes d’écriture et d’énonciation, signes et signaux participent à une édification. Cette parole monumentale fait résonner en littérature ce qui est le lien et la mémoire de la société médiévale : la voix humaine. Toute parole engage, donne sens. Représentée, elle gagne une rigueur qui place la rhétorique du discours entre le théâtre et le droit. Cet ouvrage est paru en 1981.