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L'artiste est inventeur de lieux. Il façonne, il donne chair à des espaces jusqu'alors impossibles ou impensables : apories, fables topiques. Le genre de lieux qu'invente Simon Hantaï passe d'abord par un travail avec la toile : matériau tactile, outil d'empreintes et de modulations plutôt qu'écran de projection, support, voire l'organisme vivant du « pliage comme méthode », cette procédure que le peintre a développée jusqu'à ses limites extrêmes. La « toile au travail » est ici présentée comme une fable d'objets textiles – le filet, la maille, le tablier, la faille, la serpillière, le linceul, etc. – où se raconte l'accouchement du tableau, son entoilement, jusqu'à l'étoilement généralisé qu'impose à nos regards la peinture de Hantaï. Pour cette conversation, le peintre sort d'une longue réserve. Ses mots eux-mêmes sont autant de nœuds ou d'étoilements dans le tissu de notre pensée sur l'art. L'Étoilement est paru en 1998.
Georges Didi-Huberman est né en 1953 à Saint-Étienne. Historien de l’art et philosophe, il enseigne à l’École des hautes études en sciences sociales. Il a publié une trentaine d’ouvrages aux Éditions de Minuit.