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Les deux filles de Lucie sont des sorcières douées alors qu'elle-même est peu talentueuse, et que sa propre mère est une sorcière accomplie...
Lucie n'est pas une sorcière talentueuse. Ses deux filles, elles, se révèlent extrêmement douées, au-delà des prétentions et des espoirs de Lucie qui n'aspirait qu'à en faire des sorcières efficaces. Quant à la mère de Lucie, son génie est absolu. Mais qui sont les corneilles? Est-on plus libre, de prendre la place des oiseaux, leur forme et leur aspect, et d'imiter leur cri?. Marie NDiaye n'a pas trente ans. La Sorcière est son sixième roman depuis Quant au riche avenir, paru en 1985. Nulle trace chez cette jeune femme de torpeur neurasthénique ou de fièvre anxieuse. Dès son premier livre, rédigé sur les bancs du lycée, elle s'est installée dans un univers bien à elle et qui ne doit rien à l'imitation d'un modèle ancien, ni à l'application d'une doctrine, ni à l'enseignement d'une école, ni à la soumission à une mode. Elle a lu, sans doute, beaucoup; l'extrême souplesse de sa langue ne trompe pas; mais si elle s'est choisi des maîtres, bien malin qui pourrait dire lesquels tant elle les a assimilés à son propre usage et à sa propre invention littéraire. Marie NDiaye s'impose en premier lieu par son originalité; elle a un propos et une voix qui ne ressemblent à rien de connu.. Pierre Lepape, Le Monde. Qu'importe qu'elle soit ou non sorcière, cette Lucie qui voit ses filles lui échapper, son mari fonder ailleurs un autre foyer ou ses parents vieillir d'une étrange manière; c'est sa détresse qui nous touche, sa timidité qui nous émeut. Mais Marie NDiaye la virtuose ne veut pas jouer le jeu de l'émotion ordinaire, elle casse les pentes trop douces de la compassion, elle brouille les pistes, elle substitue le rire aux larmes. Et comme les plus grands écrivains, elle nous envoûte.. Michèle Gazier, Télérama.