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J’étais célèbre, on me reconnaissait dans la rue, on m’offrait des concerts dans tout le pays, mes disques sortaient en Europe… Les télévisions me demandaient, les stars de cinéma aussi me réclamaient à leur table, Lauren Bacall, Frank Sinatra, la minuscule Natalie Wood… Mes amis étaient écrivains, Langston Hughes, James Baldwin, Lorraine Hansberry. Ma vie pourrait-elle jamais être plus belle? J’étais la coqueluche du moment et une petite voix en moi susurrait : Profite, Eunice, ça n’aura peut-être qu’un temps. Eunice, c’était mon vrai nom. Maintenant je l’ai oublié. Cinquante années passées dans la peau de Nina Simone m’ont fait oublier mon nom. Et c’est une drôle de chose, à la fin, que de devoir porter un nom qui n’a jamais été le sien. Pour vivre un destin qui n’était pas le sien. Comment Eunice Kathleen Waymon, la petite fille noire née dans une famille pauvre à Tryon, Caroline du Nord, en 1933, est-elle devenue l’immense Nina Simone, la diva à la voix unique et au toucher de piano inoubliable? Le destin de Nina Simone ressemble à un roman : c’est ce roman que Gilles Leroy recompose, livrant avec tendresse l’histoire totalement vraie et totalement romancée d’une artiste adulée dans le monde entier – mais si seule dans la vie. Avec cet émouvant portrait d’une femme blessée, Gilles Leroy nous offre, après Alabama Song et Zola Jackson, le troisième volet de sa trilogie américaine.
Né en 1958 à Bagneux, Gilles Leroy intègre après un baccalauréat en sciences expérimentales l’hypokhâgne et la khâgne du lycée Lakanal à Sceaux. Il obtient un DEUG de lettres et arts en 1977, une licence puis une maîtrise de lettres modernes en 1979 pour un mémoire consacré à Henri Michaux. Sans goût pour l’université, il abandonne le cursus, voyage et étudie seul les littératures américaine et japonaise qui l’impressionnent. Le roman américain, surtout, devient le paradigme du roman moderne et l’incitateur à écrire. Tout en travaillant la nuit à ses premiers textes, Gilles Leroy exerce divers jobs de secours puis devient journaliste de presse écrite et audiovisuelle. Il quitte le journalisme en 1991 et quitte Paris en 1995 pour s’installer à la campagne, où il se consacre à l’écriture.Gilles Leroy publie son premier roman, Habibi, en 1987, qui sera suivi d’une dizaine d’autres, dont notamment L’Amant russe (2002), Grandir (2004) et Champsecret (2005). Il obtient le prix Goncourt en 2007 pour Alabama Song.Plusieurs de ses ouvrages comportent une dimension autobiographique (L’Amant russe, Les maîtres du monde, Les Jardins publics, etc.), allant jusqu’à l’autofiction avec Champsecret. Parmi les thèmes au centre de ses romans, on retrouve les figures d’une mère adorée et d’un père enfant, ainsi que l’homosexualité, la difficulté d’aimer, la difficulté de s’en sortir lorsqu’on naît au bas de l’échelle et, pour reprendre les mots de Fassbinder, la « difficulté de changer les choses dans ce monde ». Ses personnages gravitent dans un univers à la fois tendre et violent, dans lequel l’enfance est souvent cruelle et la critique sociale acerbe.Dans son douzième roman, Alabama Song, Gilles Leroy se glisse dans la peau de Zelda Fitzgerald et relate brillamment le destin tragique de la femme de l’écrivain Francis Scott Fitzgerald en mêlant éléments biographiques et imaginaires. Lors de la remise du prix Goncourt, Bernard Pivot l’a salué comme un auteur « au style flamboyant », tandis que Françoise Chandernagor s’est déclarée enthousiasmée par sa « qualité d’écriture extraordinaire ». En janvier 2010, Gilles Leroy a publié Zola Jackson, au Mercure de France.