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La lecture de René Char par G. Mounin n'est pas seulement un éclaircissement de l'interprétation de la poésie de ce poète, mais un changement radical de la façon de lire la littérature en général. Edition enrichie par six textes que le linguiste avait consacrés à Char.
Char a dit quelques-unes de nos émotions les plus profondes des années de guerre. Le refus d'abord, dès l'été 1940, de « vivre avec de tels hommes ». Au-dessus de cette espèce de fonctionnaire à demi-naturalisé, l'occupant, Char voit l'inquiétant décérébré. La phonétique a commandé le pli des narines et des lèvres. « Purin d'un feu plat tendu par l'ennemi », crie le poète au « contentieux des massacreurs ». Il faut avoir vu quelque ouvrier lisant la lettre par laquelle un vague homme de loi lui dit « qu'on remet votre affaire aux mains de notre contentieux ». On ne saura jamais ce qu'est ce contentieux, homme ou bureau, juge, avocat, greffier, Dans les recoins jamais balayés des maisons de justice, le rez-de-chaussée français de la Gestapo, ce contingent de mouchards, c'est le contentieux des massacreurs..