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L'auteur dénonce le marché des arts africains, devenu l'une des succursales du grand marché de l'art, qui serait alimenté par un pillage généralisé touchant tous les secteurs du patrimoine du continent. Il rappelle que le trafic de ces oeuvres contribue à l'enrichissement des marchands mais aussi à la dégradation des pays du Sud.
Philippe Baqué est journaliste, auteur et réalisateur de documentaires, notamment sur l'Afrique. Aux éditions Agone, il a dirigé La Bio. Entre business et projet de société (2012) et écrit Homme augmenté, humanité diminuée. D'Alzheimer au transhumanisme, la science au service d'une idéologie hégémonique mercantile (2017).
En 1998, le musée Barbier-Mueller de Genève exposait quelques statuettes Koma, présentées avec la remarque: «Un peuple dont on ne connaît rien.» Le mystère dopa les prix... Que les archéologues, doublés par les pilleurs, n'aient pu achever leur étude, c'était une perte pour la science, mais une multiplication des gains pour les marchands.
Le marché de l'art peut bien remplacer l'expression «art nègre» par «art primitif», son seul souci demeure de satisfaire la demande de ses consommateurs. Pour durer, il s'adapte, sans renoncer aux expropriations qui sont son oxygène : peintures rupestres découpées à la tronçonneuse, manuscrits volés, vestiges revendus sur les marchés touristiques, tombes profanées. C'est le plus pernicieux des marchés et la plus symbolique des destructions que subissent les pays du Sud, où matières premières, sources d'énergie, productions agricoles et culturelles continuent d'être drainées vers une poignée de pays riches.