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« On a tous entendu parler de la théorie cartésienne de l’animal-machine. On sait moins que cette théorie a largement riposté à la bienveillance envers l’animal préconisée par certains penseurs de la Renaissance, Montaigne en particulier. L’intérêt de Montaigne pour l’animal est philosophique : il conteste l’arrogance de l’homme à s’estimer maître de la nature, et opère un renversement de perspectives. Il invente une pensée de l’animal regardant l’homme. À une vision verticale, Montaigne substitue une relation horizontale entre les hommes et les bêtes, faite de solidarités réciproques. Les animaux ne rappellent-ils pas aux hommes le respect de la nature ? La réflexion de Montaigne le conduit encore à réhabiliter le rôle de la sensibilité dans la compréhension du monde. Ne serait-ce que pour cette raison, les Essais méritaient bien un nouveau regard. »Extrait de: Bénédicte Boudou. « Montaigne et les animaux. » iBooks.
Bénédicte Boudou est professeur de littérature du XVIe siècle à l’université d’Amiens. Spécialiste de Montaigne, elle lui a consacré une thèse et de nombreux articles. Ses collaborateurs, Denis Bjaï, Nadia Cernogora et Nicolas Lombart, sont des chercheurs spécialistes du XVIe siècle.