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Publiée d'abord en Allemagne en édition bilingue, cette réflexion aborde les liens entre la pratique individuelle de l'amour du prochain et celle, collective, de la justice qui établit l'égalité et l'équité. La tension vivante entre amour et justice se fait jour au moment de l'action. Les deux concepts sont pris dans une économie du don qui déborde l'éthique dont ils se veulent les figures.
Paul Ricoeur (1913-2005), philosophe, un des «grands» du XXe siècle, il a consacré sa réflexion à l'analyse du sujet, de son action et de son rapport au temps.
Amour et justice
La cause est en général entendue : c'est «amour ou justice», mais non pas «amour et justice». Dans le langage courant, et même à un niveau de réflexion plus élevé, a fortiori quand les deux concepts sont présentés en conflit, il n'y a pas, il ne peut pas y avoir de ponts entre la pratique individuelle de l'amour du prochain et la pratique collective de la justice qui établit l'égalité et l'équité. Qu'on favorise l'une ou l'autre, l'insistance va à la disproportion entre amour et justice. Toute la réflexion de Paul Ricoeur tend à démontrer la proportion, les liens, la dialectique très profonde, la tension vivante et féconde entre amour et justice qui se fait jour au moment de l'action, que l'un et l'autre revendiquent. Tous deux sont pris dans une économie du don qui déborde de toute part l'éthique dont ils se veulent les figures et dont ils se sentent responsables. Une logique de la surabondance vient toujours mettre au défi, sans jamais la rendre moins nécessaire, une logique de l'équivalence.
Publiée d'abord en Allemagne, en édition bilingue, cette réflexion est inédite en français. Elle est complétée par deux articles du Fonds Ricoeur sur des thèmes proches.